Coronavirus : les pertes de recettes publicitaires de la RTBF pourraient atteindre les 15 à 20%

[alloja]

Selon une évaluation communiquée aux administrateurs de la RTBF, les pertes de recettes publicitaires pourraient atteindre les 15 à 20%. Le Conseil d’administration de la RTBF a longuement évoqué vendredi les conséquences de la crise du Covid-19 sur son fonctionnement et notamment ses retombées financières.

https://www.rtbf.be/info/medias/detail_ ... d=10489226

[Mike]

Lorsque la pub a été autorisée à la RTBF, 2.000 personnes, selon la police, (j'allais écrire zozos mais comme j'y étais...) ont défilé dans les rues de Bruxelles pour protester contre cette mauvaise blague.

Deux des principaux effets secondaires de la pub en radio ou télé sont
- une forme d'auto censure des programmes pour ne pas risquer de fâcher les annonceurs
- la course au pognon avec son cortège de publics cibles induisant une uniformisation des programmes

Tous courent après le public qui est le plus susceptible d'acheter tout, n'importe quoi et son contraire.

La pub pour les radios et télés privées oui, mais sans overdose.
La pub sur les radios et télés publiques : non merci !

[pascal28]

D'une certaine manière, la publicité sur un média public, c'est la double peine car si on se base sur le principe du "c'est celui qui paye qui parle", on aura une auto-censure pour ne pas parler des choses qui fâchent les annonceurs ET une auto-censure pour le pas fâcher ce qui dérange l'état.
Sans oublier le cas vicieux d'un groupe public qui utilise certaines chaînes comme machine à cash et d'autres chaînes du groupe sont sans pubs. Ces chaînes faisant toutes parties du même groupe, même la chaîne "sans pub" est sous la menace des annonceurs en suspendant une campagne de pub sur la chaîne machine à cash en représailles de propos tenus sur la chaîne sans pub.

Donc avoir une chaîne alibi sans pub dans un groupe public ne garantit même pas pour l'info d'être protégé de la pression des annonceurs. Le seul point positif de ce système d'un service public avec publicité mais avec une chaîne sans pub, c'est qu'il permet tout de même de proposer des types programmes qui ne sont pas soumis à la pression de l'audience (principalement programmes culturels, cinéma d'auteur, programmes de niches, etc...) indirectement financé par l'argent généré par la pub des chaînes plus "commerciales" du groupe.

Mais pour l'indépendance de l'info, ce système mixte, c'est pire que tout.

L'avantage d'un système audiovisuel avec du public et du privé aux modes de fonctionnement bien séparés, c'est que chacun n'est susceptible d'être victime que d'une seule sorte d'auto-censure. (à condition que le secteur privé soit également puissant)

Ça, c'est pour la théorie. Dans la pratique, il y a quelques cas intéressants à relever comme celui de la RTS en Suisse. Certes, il y a de la publicité, mais les chaînes privées suisses sont quasi inexistantes, ce que fait que la RTS se permet de froisser ses annonceurs : un annonceur est mécontent de la RTS et retire sa campagne ? Peu importe, il va revenir dans 3 mois car s'il veut communiquer sur un média télé puissant en Suisse, il n'a pas d'alternative.

Paradoxalement, là où la publicité est la moins nocive sur une chaîne publique, c'est dans un marché où il n'y a pas de chaînes privées...

Pour le cas de la Belgique, aujourd'hui la RTBF propose des programmes de chaînes privées d'une très bonne facture... Mais pas de bol, c'est un groupe public...
Quant à RTL... Ils sont au niveau d'une... Heu ? Joker ...

Plus sérieusement, dans le cas de la Belgique francophone, on cumule le pire des 2 systèmes. La RTBF est en quasi monopole pour l'info (car l'info chez RTL est au service minimum) mais n'est pas en situation de monopole pour la publicité télévisée (comme le cas suisse). Du coup, si les annonceurs ne sont pas contents, ils peuvent aller voir ailleurs chez RTL qui pèse encore très lourd sur le marché. Du coup, la RTBF n'est pas dans la situation confortable de la RTS qui peut prendre l'argent des annonceurs sans que les annonceurs puissent aller ailleurs s'ils ne sont pas contents. Mais de son coté, l'offre privée est telle que le secteur privé ne joue pas son rôle dans le domaine de l'information en matière d’alternative au privé.
On a donc tous les inconvénients de la présence de la publicité sur des médias publics dans un paysage audiovisuel ouvert au privé, sans en avoir les avantages.

C'est ballot.

[Renault]

Mouais, je suis assez dubitatif sur l'aspect auto censure que vous craigniez tant. Non pas qu'elle n'existe pas, mais elle n'est pas si forte que cela de mon point de vue.

Déjà parce qu'une rédaction a la loi de son côté. Des journalistes du secteur public qui tape un peu sur le gouvernement, cela arrive. Car le gouvernement ne peut rien faire à ce sujet sous peine d'être critiqué comme une dictature de la pensée.

Ensuite comme la TV est un média essentiel (mais la radio et presse écrite aussi) pour une campagne publicitaire large, les annonceurs ne peuvent se passer de ces services malgré une critique de leur activité. D'ailleurs, les journalistes feront plutôt un effort pour que les pubs ne soient pas en face d'une info qui contredirait leur message pour des questions de cohérence. Genre ils vont éviter de mettre une publicité pour un voyage à l'autre bout du monde en face d'un article parlant du climat...

Par exemple, je n'ai pas le souvenir que Vokswagen ait boycotté qui que ce soit malgré la révélation du scandale les entourant il y a quelques années. Ils ne peuvent pas se le permettre et ils le savent.

D'ailleurs la peur de l'auto censure peut aussi avoir un phénomène inverse. Par exemple la presse française est fortement subventionnée, même les rédactions privées. Du coup les journalistes vont critiquer le gouvernement un peu pour tout et rien pour montrer qu'ils sont indépendants et libres même si la position soutenue est un peu absurde ou contradictoire avec la ligne éditoriale de la rédaction habituellement.

Donc je ne suis pas tellement convaincu que les rédactions ne soient pas libres. Que ce soit vis à vis des annonceurs ou de l'État. Les journalistes n'hésitent pas d'ailleurs à jouer du nombrilisme à la moindre pression dans leur secteur d'activité.

Après si on considère que les médias publics sont sans pub, il faut trouver une autre source de revenus : l'impôt. J'ai le souvenir que les gens critiquaient beaucoup la redevance TV qui devrait inévitablement faire son retour dans un tel scénario. Personnellement je pense qu'il n'y a pas de raison particulière d'avoir une chaîne publique. Avec le CSA, l'État peut imposer ses règles du jeu et peut réquisitionner les antennes pour les communications officielles (campagne de pub étatique, communication d'urgence, discours politique, etc.). Du coup est-ce encore pertinent ?

Je n'ai pas l'impression que la grille des programmes soit si différente entre privé et public aujourd'hui. En dehors de ARTE qui est un cas à part dans le paysage audiovisuelle francophone, ce sont des chaînes généralistes avec des segments assez similaires dans le fond.