Pour le coup, je répondrais par une pirouette en disant que poser cette question est un raisonnement à courte vue qui ne se projette pas sur l'avenir. (ça me fait un peu penser à TF1 qui continue à s'arcbouter sur son ancien modèle économique sans voir arriver la vague Netflix, Amazon & Co en entrant en conflit avec Canal ou en réclamant une 3éme coupure pub dans les films).
Oui, aujourd'hui, vu de Belgique (avec le prix des forfaits), l'écoute de webradios en voiture, ça peut sembler un luxe. Mais pour citer le doc dans retour vers le futur :"il faut penser en 4 dimensions"
Pour traiter le problème, il faut surtout regarder les usages, ce qui est disponible et se projeter dans le futur.
Pour les usages :
c'est un fait, les nouvelles générations s'intéressent de moins en moins à la FM et ne jurent (à tort ou à raison, ce n'est pas la question) que par l'IP. Mécaniquement, ils seront donc de plus en plus nombreux à ne plus porter le moindre intérêt à la diffusion broadcast, qu'elle soit analogique ou numérique.
Le fait est également que les jeunes ont presque tous un téléphone greffé dans la main avec le forait qui va bien. Pour eux, écouter des contenus en IP (radio ou autre) ne représente pas un sur-coût puisqu'ils ont déjà le nécessaire pour d'autres usages.
Ce qui est disponible :
la radio sur IP est une réalité déjà présente qui propose une qualité équivalente au DAB pour une offre bien plus large.
Pour les forfaits, si en Belgique c'est encore cher, la tendance va tout de même à la baisse. Et dans les pays voisins, les prix sont parfois déjà très bas.
La projection :
Les usages perçus comme étant "un truc de jeune" aujourd'hui seront la norme demain.
Mettre en place une nouvelle technologie pour améliorer de manière modérée un usage qui ira en se marginalisant n'a pas beaucoup de sens économique.
Comme on est dans une économie qu'on veut absolument reposer sur le net, les débits n'iront qu'en s'améliorant avec des forfaits de plus en plus fournit pour des prix de plus en plus bas. Tout le monde, ou presque étant équipé d'un smartphone ne verra pas comme un sur-cout d'écouter de la radio sur son smart phone, mais fera parti d'une des possibilités offerte par son smartphone au même titre qu'accéder à ses mails, Google map et Facebook.
A mon sens, continuer à militer pour un lancement du DAB aujourd'hui, c'est comme ceux qui planchaient sur des VHS numériques alors que les enregistreurs sur disque dur étaient dans les cartons et sur le point d'arriver.
Le DAB, c'est aussi un peu comme le push VOD. C'est une bonne idée qui peut permettre aux gens qui n'ont pas une bonne connexion internet de bénéficier d'une sorte de VOD allégée. Mais le temps que cela entre réellement dans les usages, tout le monde disposera de dédits suffisants pour utiliser la véritable VOD par internet. Il y a 2 ou 3 ans, Fransat avait commencé à plancher sur le sujet mais ont finalement abandonné l'idée.
Et en imaginant que pour diverses raisons on décide d'abandonner le modèle du tout connecté par internet, ce serait dans une logique de retour à de la technologie plus basique pour aller vers du plus simple, du plus durable et du plus robuste. Et malheureusement, dans ce contexte non plus, le DAB ne serait pas la solution la plus adaptée.
Là encore, je le répète, dans mon argumentaire, je ne parle pas de ce que je souhaite mais ce qui semble se dessiner. Si j'étais aux commandes, cela ferait 20 ans qu'on aurait la radio par satellite comme aux USA (pour avoir testé, s'est super, dommage que pour gonfler l'offre ils aient autant compressés les programmes en leur donnant un son très moche...), que le DAB aurait été lancé (bien que j'aurais plutôt opté pour la FM eXtra qui, avec le recul, se serait révélé bien plus pertinent et aurait évité l'attentisme autour du DAB à cause du coût), l'AM ne serait pas en train de s’éteindre aussi massivement et connaitrait déjà une seconde vie avec le DRM. Mais voilà, il y a la réalité économique...
Pour en conclure pour ma part sur le sujet (car je pense que j'ai donné tous mes arguments), j'ai l'avantage de graviter un peu dans le milieu. J'ai donc, à mon très modeste niveau quelques échos de l'intérieur sur le sujet. S'il y a encore 10 ans le DAB pouvait faire fantasmer les opérateurs de taille modeste qui y voyaient une possibilité de croissance impossible dans une FM saturée, mais ça ne semble plus vraiment le cas aujourd'hui.
Plus grand monde semble encore y croire. La logique est plutôt, si le DAB est lancé, on ne peut pas ne pas y être pour ne pas manquer le train au cas où ça marcherait quand même, mais comment financer cette double diffusion. D'autant que pour le DAB, les structures de petites et moyennes tailles ne pourront plus s'auto-diffuser comme elles le font actuellement. Elles seront obligées de passer par un prestataire qui leur coutera la peau des fesses.
Reste la solution des subsides. Mais là encore, il ne faut pas se faire d'illusions : l'argent ne tombant pas du ciel, il faudra bien le prendre quelque part... Et le problème d'un média sous subsides, c'est qu'il n'est plus indépendant, ce qui en limite l'intérêt... Ce qui donnerait une raison de plus d'abandonner la radio pour aller sur le net (je reconnais, la dernière phrase, c'est un peu de la provoc' )