Re: Disparition en vue de France 4 de la TNT
Message posté… : 22 juil. 2018, 18:17
Je ne dis pas que tu as tort (et sur les faits que tu énonces, tu as raison). Je suis simplement que tu mélanges plusieurs sujets qui ont, certes, des interactions, mais qui ne sont pas les mêmes:
1) la tendance globale de la manière dont évolue la télé à travers le monde (flux vs stock). La réforme va pousser le service public à aller à contre courant de la tendance pour être
2) l'avenir et les effets de la réforme du service public (et c'est de cela que je parle vu que c'est avant cela le sujet du fil de discution entamé sur l'annonce de la fermeture de France 4),
3) le financement du contenu audiovisuel (globalement)
4) la protection de la production française et de son industrie (ce dont tu parles).
Bien sûr, ces 4 sujets sont partiellement liés mais ont des causes, motivations et effets différents.
1) La manière dont évolue la télé. De manière mondiale, ce qui rencontre le plus de succès à la télévision, c'est le contenu de flux. Les chaînes dont la programmation repose sur des contenus de stock (films, séries, documentaires) sont des chaines qui ont, généralement un poids secondaire dans leur audiovisuel. Les chaines ayant la plus forte influence sont généralement celles qui proposent du flux. Cela est vrai depuis longtemps, mais s'accentue avec la concurrence des nouveaux médias sur les contenus de stock.
2) La réforme de France TV va pousser le service public à se recentrer sur le stock et réduire le flux => Cela va donc conduire à marginaliser France TV dans le paysage audiovisuel français.
3) A l'échelle mondiale, comme tu dis, un contenu reste un contenu. Le contenu exclusif de ces nouvelles plateformes à bien été financé par quelqu'un. Il y a simplement un transfert qui fait que la production de fiction qui était faite pour la télé ira de plus en plus vers des services de VOD. En soit, sur le principe, ce n'est pas là que se pose le problème. Ce n'est qu'une évolution des tuyaux causée par une évolution technologique. Les usages ont changé par les nouvelles technologies. Cela a commencé par le piratage. Netfilx ou Amazon prime sont des modèles qui répondent tout en permettant un financement (contrairement au piratage) à cette nouvelle demande.
4) La protection de la production française et des opérateurs français face aux médias et productions US. Mais cette problématique n'est pas nouvelle. On en parlait déjà en 1946 avec les accords Blum - Byrnes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_Blum-Byrnes
Et dans une forme plus récente, l'attaque contre les médias français par les médias étrangers se voyait également par le développement du câble et du satellite en France avec la diffusion de chaines pilotées par les US et diffusées depuis le Royaume Uni et qui ne respectait pas la réglementation française (le cas le plus emblématique était TNT - Cartoon Network qui ne diffusait en français des films exclusivement US et le samedi soir).
Mais là, protéger le secteur dans son ensemble (public comme privé) c'est un choix idéologique dont l'orientation vers une diminution des protections ne date pas d'hier et ne se limite pas à l'audiovisuel (qui a plutôt fait partie des privilégiés pendant pas mal d'années par rapport à d'autres secteurs).
Là où des interactions apparaissent, c'est qu'au lieu de déréguler l’audiovisuel français (ce qui ferait hurler tout le milieu) pour laisser mieux entrer le contenu US, on profite de l'absence de réglementation dans les nouveaux modes de diffusion et des nouveaux usages (qui ne feront que faire perdre l'influence de la télévision traditionnelle) pour déréguler les financements de la production française et faire avancer le modèle de l'économie mondialisée. Et là dessus, je te rejoins : c'est un problème. Mais qui n'a rien à voir avec l'audiovisuel public. C'est surtout l'audiovisuel privé qui est menacé par cette évolution s'il n'a pas la possibilité de se développer sur ces nouveaux supports de diffusion. Et là dessus, je suis totalement d'accord, il y a un déséquilibre entre les obligations faites à Netflix et Amazon d'un coté et les expériences de type Canal Play de l'autre. On pourrait commencer par exemple par une réforme sur la détention des droits : ce qui pourrait permettre à une chaine de récupérer de l'argent sur un contenu qu'elle à contribué à produire quand celui-ci est exploité en DVD, VOD, lors de diffusion à l'étranger, etc..
Et le financement de contenus qui aurait du passer mécaniquement d'un mode de diffusion linéaire à un mode de diffusion à la demande (et donc ne pas poser de problème particulier) va passer d'un financement (et en général production) local à un financement (et donc en grande majorité une production) US. Sans réglementation de ce coté, là, ça va finir par poser problème, en effet. Mais je le répète, c'est un autre problème que celui de la réforme de l'audiovisuel public (qui n'est pas sans poser de problème non plus d'ailleurs).
Mais d'une certaine manière, cette réforme de l'audiovisuel public prend une orientation paradoxale. Si elle va pousser le service public à ne plus compter dans la PAF en tant que chaine de télévision, ce recentrage sur le contenu de stock va transformer France TV en financier de séries, films et documentaire : les types de contenus qui seront très concurrencés par Netflix & Co mais peu produits produits localement. On va donc se retrouver avec un France TV qui a laisser le champ libre sur la production des genres qui permettent aux télévisions d'exister mais qui va financer la production des contenus qui seront progressivement abandonnés par les chaines privées en raison des nouveaux modes de consommation. (et là, on retrouve l'idée de Ernotte avec son Netflix à l'Européenne).
Pour France 4, je pense que même dans sa grille actuelle, là chaine avait sa place. Les audiences en journée étaient en phase avec la cible visée. Il aurait simplement fallu travailler sur les soirées actuellement sinistrées.
Pour France O, le problème de la chaine est qu'elle a été détournée de sa vocation première. Babette a raison là dessus.
A l'origine, la chaine assurait bel et bien sa fonction de chaine de l'Outre Mer puis a glissé vers une semi-généraliste orientée sur la diversité et les cultures urbaines (reléguant les contenus liés à l'Outre Mer à 5h du matin). Pour redonner une véritable utilité à cette chaine, il faudrait revenir à une grille telle qu'elle était proposée il y a plusieurs années (dont les différents JTs en journée ou seconde partie de soirée), mais vu ce qui est assuré à propos de l'Outre Mer par France O aujourd'hui, en effet, quelques petites plages horaires sur France 3/5 et un service de replay sur internet suffisent pour faire le boulot.
1) la tendance globale de la manière dont évolue la télé à travers le monde (flux vs stock). La réforme va pousser le service public à aller à contre courant de la tendance pour être
2) l'avenir et les effets de la réforme du service public (et c'est de cela que je parle vu que c'est avant cela le sujet du fil de discution entamé sur l'annonce de la fermeture de France 4),
3) le financement du contenu audiovisuel (globalement)
4) la protection de la production française et de son industrie (ce dont tu parles).
Bien sûr, ces 4 sujets sont partiellement liés mais ont des causes, motivations et effets différents.
1) La manière dont évolue la télé. De manière mondiale, ce qui rencontre le plus de succès à la télévision, c'est le contenu de flux. Les chaînes dont la programmation repose sur des contenus de stock (films, séries, documentaires) sont des chaines qui ont, généralement un poids secondaire dans leur audiovisuel. Les chaines ayant la plus forte influence sont généralement celles qui proposent du flux. Cela est vrai depuis longtemps, mais s'accentue avec la concurrence des nouveaux médias sur les contenus de stock.
2) La réforme de France TV va pousser le service public à se recentrer sur le stock et réduire le flux => Cela va donc conduire à marginaliser France TV dans le paysage audiovisuel français.
3) A l'échelle mondiale, comme tu dis, un contenu reste un contenu. Le contenu exclusif de ces nouvelles plateformes à bien été financé par quelqu'un. Il y a simplement un transfert qui fait que la production de fiction qui était faite pour la télé ira de plus en plus vers des services de VOD. En soit, sur le principe, ce n'est pas là que se pose le problème. Ce n'est qu'une évolution des tuyaux causée par une évolution technologique. Les usages ont changé par les nouvelles technologies. Cela a commencé par le piratage. Netfilx ou Amazon prime sont des modèles qui répondent tout en permettant un financement (contrairement au piratage) à cette nouvelle demande.
4) La protection de la production française et des opérateurs français face aux médias et productions US. Mais cette problématique n'est pas nouvelle. On en parlait déjà en 1946 avec les accords Blum - Byrnes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_Blum-Byrnes
Et dans une forme plus récente, l'attaque contre les médias français par les médias étrangers se voyait également par le développement du câble et du satellite en France avec la diffusion de chaines pilotées par les US et diffusées depuis le Royaume Uni et qui ne respectait pas la réglementation française (le cas le plus emblématique était TNT - Cartoon Network qui ne diffusait en français des films exclusivement US et le samedi soir).
Mais là, protéger le secteur dans son ensemble (public comme privé) c'est un choix idéologique dont l'orientation vers une diminution des protections ne date pas d'hier et ne se limite pas à l'audiovisuel (qui a plutôt fait partie des privilégiés pendant pas mal d'années par rapport à d'autres secteurs).
Là où des interactions apparaissent, c'est qu'au lieu de déréguler l’audiovisuel français (ce qui ferait hurler tout le milieu) pour laisser mieux entrer le contenu US, on profite de l'absence de réglementation dans les nouveaux modes de diffusion et des nouveaux usages (qui ne feront que faire perdre l'influence de la télévision traditionnelle) pour déréguler les financements de la production française et faire avancer le modèle de l'économie mondialisée. Et là dessus, je te rejoins : c'est un problème. Mais qui n'a rien à voir avec l'audiovisuel public. C'est surtout l'audiovisuel privé qui est menacé par cette évolution s'il n'a pas la possibilité de se développer sur ces nouveaux supports de diffusion. Et là dessus, je suis totalement d'accord, il y a un déséquilibre entre les obligations faites à Netflix et Amazon d'un coté et les expériences de type Canal Play de l'autre. On pourrait commencer par exemple par une réforme sur la détention des droits : ce qui pourrait permettre à une chaine de récupérer de l'argent sur un contenu qu'elle à contribué à produire quand celui-ci est exploité en DVD, VOD, lors de diffusion à l'étranger, etc..
Et le financement de contenus qui aurait du passer mécaniquement d'un mode de diffusion linéaire à un mode de diffusion à la demande (et donc ne pas poser de problème particulier) va passer d'un financement (et en général production) local à un financement (et donc en grande majorité une production) US. Sans réglementation de ce coté, là, ça va finir par poser problème, en effet. Mais je le répète, c'est un autre problème que celui de la réforme de l'audiovisuel public (qui n'est pas sans poser de problème non plus d'ailleurs).
Mais d'une certaine manière, cette réforme de l'audiovisuel public prend une orientation paradoxale. Si elle va pousser le service public à ne plus compter dans la PAF en tant que chaine de télévision, ce recentrage sur le contenu de stock va transformer France TV en financier de séries, films et documentaire : les types de contenus qui seront très concurrencés par Netflix & Co mais peu produits produits localement. On va donc se retrouver avec un France TV qui a laisser le champ libre sur la production des genres qui permettent aux télévisions d'exister mais qui va financer la production des contenus qui seront progressivement abandonnés par les chaines privées en raison des nouveaux modes de consommation. (et là, on retrouve l'idée de Ernotte avec son Netflix à l'Européenne).
Pour France 4, je pense que même dans sa grille actuelle, là chaine avait sa place. Les audiences en journée étaient en phase avec la cible visée. Il aurait simplement fallu travailler sur les soirées actuellement sinistrées.
Pour France O, le problème de la chaine est qu'elle a été détournée de sa vocation première. Babette a raison là dessus.
A l'origine, la chaine assurait bel et bien sa fonction de chaine de l'Outre Mer puis a glissé vers une semi-généraliste orientée sur la diversité et les cultures urbaines (reléguant les contenus liés à l'Outre Mer à 5h du matin). Pour redonner une véritable utilité à cette chaine, il faudrait revenir à une grille telle qu'elle était proposée il y a plusieurs années (dont les différents JTs en journée ou seconde partie de soirée), mais vu ce qui est assuré à propos de l'Outre Mer par France O aujourd'hui, en effet, quelques petites plages horaires sur France 3/5 et un service de replay sur internet suffisent pour faire le boulot.